Lorsque vous vous déplacez pour une extrême à Peyrat le Château, impossible de ne pas penser à la Gilles Lalay Classic. Format bien différent mais même club, même présidente, Catherine et deux jeunes traceurs bien rodés, Paul Pinto et Pierre Malavaud.
J'avais eu le plaisir il y a 3 ans lors de feu notre confinement, d'accueillir dans mon "émission" les deux jeunes qui relançaient une course extrême autour du lac de Vassivière, élevés et éduqués par les beaux souvenirs encore palpables de ce qu'était la course la plus dure du monde.
Franche réussite que la première édition, du monde encore du monde partout dans les difficultés et points spectacles où l'aide est autorisée, imaginez le plaisir de se retrouver au milieu de la côte de la cheville, la foule s'écartant au rythme des pilotes la gravissant, une ambiance perdue sur les GP et autres championnats de France, ayant des airs de rallyes du Portugal à l'époque du non moins mythique groupe B.
Une époque où notre sport n'était pas marginalisé, redouté ou montré du doigt par des militants écologistes. Vous comprendrez donc mon plaisir de me retrouver à travailler pour ce club de passionnés, regroupant des familles, férus de mécaniques en tous genres, finissant leurs verres ensembles avant d'aller se coucher et pour se lever à l'heure.
L'ambiance dans laquelle j'ai été élevé.
Une belle spéciale gelée, des bois meubles à souhaits et deux tours en inversant le sens le matin, première spéciale à 6H15, ça pique.
Mais je vais trop vite en besogne, je vais redémarrer cette histoire où elle a commencée pour moi, il y a une dizaine de jours dans un air bnb au Touquet.
Paul Pinto m'appelle et me dit "désolé, on a mit du temps à se décider mais c'est bon on t'engage pour les lives et nous fournir de la vidéo pendant la course, j'espère que c'est toujours bon pour toi".
Content que j'ai été de recevoir cet appel, j'y allait de toute façon pour filmer le Criquausore sauvage.
J'accepte la mission et me voilà dans un TGV le lundi suivant descendant à Lyon Part Dieu pour retrouver Antoine dans la maison de sa grand mère Colette, vide de sa présence, Colette étant à présent dans un EHPAD, sa maladie d'Alzheimer ayant pris ses aises. La nostalgie est bien présente chez mon frère d'armes, même si l'on sait tous les deux qu'elle est mieux entourée en structure et bien plus en sécurité.
Quelques mois que je n'avais pas vu Antoine, sa joie de vivre, son insolente insouciance est un bonheur pour mon esprit d'idéaliste optimiste.
J'ai du montage à faire pour les petits Nuques et Maschio, de longues heures à discuter et échanger sur la vie et ses surprises, me rappellent l'illustre ahuri que j'étais lorsque j'étais aux commandes de mon école de moto, voir Antoine vivre et ressentir vous rendra tous plus jeunes, voulant oublier les obligations et croyants profondément à la liberté, les déplacements que nous allons partager cette année vous y ferons croire vous aussi je l'espère, c'est ma mission de caméraman gesticulant.
Après une nuit de mécanique pour panser les blessures de sa Sherco 300 après l'Alestrem, une monte de pneus flambante le jeudi matin nous voilà partis pour Peyrat le Château, Antoine est un dormeur, après sa mécanique nocturne, après 30 min de route, je pris le relai pour nous éviter de faire une Zoldos en rencontrant un autre véhicule.
3h de conduite et autant de beaux paysages nous arrivons à la dite spéciale du samedi matin, une belle prairie, des bois profonds, un sol meuble et des souches saillantes, 6,5kms de long et autant de piquets bien taillés.
Première reconnaissance en travers, forcément avec la mécanique nocturne, nous sommes arrivés ici en milieu d'après-midi, le soleil souhaite se coucher rapidement, l'humidité et le froid le remplace, il est temps pour nous d'aller retrouver nos acolytes, Antoine Basset et Nicolas Mazières.
Les deux coéquipiers de chez Atomic Moto, nous accueillent chez Nico, un immense corps de ferme avec comme seul star présente, son fils Aubin. N'ayant pas peur de ma tête barbue et de ma caméra, il se prêtera volontiers à quelques sourires et cris de joie provoqués par les grimaces de Babas.
Sa femme Marina est une tornade du nettoyage qui nous racontera après le repas sa légère addiction au ménage, en plus de celle provoqué par son mari et son fils, celle des courses de motos, celle du travail, celle de ne pas se laisser faire, enfin bref, une tornade je vous disais.
Babas me dit être en forme, pas à 100%, mais content d'être présent, la dernière fois que je l'ai vu c'était dans l'ambulance de l'enduro test lors du GP de Hongrie, pas difficile de le préférer ainsi.
Notre futur agriculteur a plein de projets, tout sourire et légèrement fatigué par le manque de soleil dû à sa deuxième princesse ayant débarqué récemment, il profitera ce soir là d'une nuit de roi et du silence de cette jolie maison.
Le lendemain on se dirige vers la spéciale pour la première vraie reco, pas mal de courbes ont changées, une belle Sp ça c'est sur, gelée elle va être coton, très coton.
Après une ultime séance de mécanique pour Criquou, les motos sont au parc, on écoute le briefing et vite au lit, demain le réveil sonne à 4H.
Ce bon vieux réveil à rendu le paddock vivant bien avant le chant du coq, seul endroit chauffé la tonnelle Atomic et son mécano chilien, Javier.
Distribution de café et mise en place des suiveurs, on décolle avec Franck direction la spéciale 6H pétante sur place.
Pas grand chose à filmer à part des mecs pilotant sur des œufs et dans le noir.
Babas va signer le meilleur temps devant Wade Young et le jeune Hugo Crozet, Criq une seconde derrière. Difficile le feeling sur cette herbe et terre gelée.
Format très particulier que cette première spéciale, car une fois bouclée chaque pilote retourne au paddock attendre que l'intégralité des pilotes effectuent leur premier tour avant d'en boucler un second, du coup nouvelle distribution de café par Javier, le jour se lève et bizarrement la température baisse légèrement.
Avec le jour et le sens inverse les temps ne progresseront pas, des erreurs dans les relevés de MotoTT rendront les résultats caduques et dans le doute inutilisables.
L'ordre de départ l'après prendra uniquement compte des premiers chronos.
Babas ouvre le bal, pas mal l'ardéchois pour une reprise, qui se retrouve à partir devant un Wade Young bien décidé à aller chercher une nouvelle victoire ici, le combat s'annonce intense!
Je file me placer dans la côte de la cheville, parait qu'il y a du monde là bas.
Arrivé sur place c'est plus de 1000 personnes au moins qui attendant patiemment au milieu de la trace, tellement que je ne sais plus trop où les pilotes vont passer. Et c'est bien au milieu de la foule que la trace était cachée, une marée humaine de gens se couchant au sol pour voir les pilotes arriver, s'écartant quelques secondes avant leur passage, hurlant et encourageant tous les français et surtout les locaux, Nico en tête de file. Quel plaisir d'assister à ce spectacle.
Je me déplace dans la Côte du Traineau, cachée au milieu des bois, cet éboulis de pierres va donner du fil a retordre à tous les pilotes, sauf Wade Young, ayant passé Basset peu de temps avant il franchira cet obstacles comme si de rien n'était, prenant un peu d'avance sur notre captain.
Criq arrivera alors troisième dans cette difficulté, c'est ici que Roman et ses compétences de trialiste feront le début d'un petit écart, il passera Antoine et continuera son chemin gagnant peut être une minute ou deux mais pas plus, derrière un gros espace est fait, il faudra attendre 20 min de plus pour voir un wagon de pilotes arriver.
Dans ce Wagon, Hugo Crozet la jeune recrue de chez Sport Camps France assure et suit le rythme, Martin Vignal l'ardéchois aux couleurs de Black Yack emboite le pas, derrière Alex Cagnin, Jimmy Chevalard et Albin Cambos arrivent, tout le monde force, rien à voir avec le passage de Young.
Le prochain point pour moi c'est le PS8, le pierrier des Moulins, malgré ma WRF survitaminée j'arrive tard et loupe les deux premiers, j'assiste au passage facile de Roman dans ce pierrier suivi de près par Criq qui ne ménage pas son effort, en forme mon Criquou!
DIrection le PS1 du second tour à présent, la Côte de chez Cédric, la nuit tombe dans ces bois, les 4 premiers feront des passages éclairs, l'écart entre Young et Basset étant sensiblement le même, celui entre Roman et Criq ayant grandi un peu et derrière, c'est loin, très loin, je file au Corbeau mort découvrir ce lieu mythique et assister à l'arrivée des guerriers.
Quel lieu rendu magique par l'histoire et le public présent en masse ici, le speaker faisant crier la foule avant l'arrivée des pilotes, Young viendra y fendre la foule en maitre, comme à son habitude pas très expressif le sud af, suivra un Babas ovationné par le public, retour à la compétition réussie, Roman bien moins heureux de finir troisième esquissera quelques sourires lors du feu d'artifice et du podium.
Viens alors notre Criquou national, il arrivera moins de 10 minutes après Roman et nous offrira le luxe d'effectuer un backflip après avoir posé sa moto, jusque dans la foule en contrebas, les yeux remplis d'émotions et de joie, c'est un beau résultat pour celui qui a décidé de changer sa façon de vivre la moto.
Les autres finishers seront dans l'ordre :
- Hugo Crozet premier junior et futur de la discipline chez les français, rendra fier son vigneron de père, cela augure du bon pour la suite.
- Cambos Albin lui aussi finisher, garçon solide et sympathique, les rangs de Sport Camps sont solides cette année
-Martin Vignal représentant Black Yack et Couleurs Moto à Aubenas, franchira l'arrivée en 7eme position, dernière année pour lui en extrême, simplicité et ténacité.
- Julien Raquidel ravira sa compagne et son père l'attendant en haut de cette ultime montée, l'émotion était bien présente après les mésaventures du début de journée où il a fallu démonter plusieurs fois la boucle arrière sa Beta.
- Alexandre Audrerie confondu avec les deux pilotes locaux du club lors de son arrivée, a fait une belle course et fini honorablement à la 9eme place de cette édition 2023.
- Nicolas Mazières s'essaiera deux fois au corbeau mort avant d'arriver à gravir la dernière dalle son embrayage rendant manifestement l'âme tout comme son phare qui l'a lâché plusieurs kilomètres avant l'arrivée, il en fallait plus à Nico pour abandonner si près du but.
- Dernier finisher, Manuel Santana a perdu sa selle 2H avant l'arrivée, il a néanmoins continué et est venu gravir la dernière pente de la course de son club, tout comme son homologue il a été acclamé par la foule restée en nombre jusqu'à l'heure fatidique de la neutralisation.
Quelle édition que cette Extreme Peyratoise, je me suis régalé à commenter et vous montrer en direct quelques passages de cette course mythique, vivement la prochaine édition!
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